Impasse Guéménée / cour Bérard
Paris IVe

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Les premières traces de l'impasse Guéménée remontent à 1388, date de la construction de l'Hôtel des Tournelles. Bâti par Pierre d'Orgemont sur le vaste emplacement formé aujourd'hui par la place des Vosges et délimité à sud par la rue Saint-Antoine, cet Hôtel, qui a été l'une des premières résidences des rois de France, avait son entrée principale dans l'impasse Guéménée[1,23,40].

Lors de sa démolition en 1560, ses écuries furent réutilisées pour créer le nouveau marché aux chevaux de Paris[23,41].

Sur des terrains de l'ancien Hôtel de Tournelles, Marie Lhuillier de Villeneuve s'installa avec sa congrégation des « Filles de la Croix » en 1643 à l'impasse Guéménée[12,14,16,19,23]. L'ordre des religieuses fut supprimé à la Révolution et le couvent vendu en 1797[4,19,23,27].

L'impasse Guéménée, qui a changé souvent d'appellation au cours des siècles, d'abord « rue Royale », après « cul-de-sac Royal-Saint-Antoine », puis « Rue allant au Marché aux chevaux », ensuite « rue des Filles-de-la-Croix » ou encore « cul-de-sac du Ha ! Ha ! », et enfin « cul-de-sac du prince Guimené  »[1,2,3,23,41], emprunte son nom actuel à l'Hôtel de Rohan-Guéménée. Situé sur la Place des Vosges et connu surtout pour avoir été de 1832 à 1848 la résidence de l'écrivain Victor Hugo, cet Hôtel avait une seconde entrée au fond de cette impasse, qui s'est révélée d'une importance stratégique à diverses reprises, notamment lors des révoltes de 1848[7,23,46].

Au début du XIXe siècle, l'impasse Guéménée servait de lieu de triage des bestiaux de boucher[5] et jusqu'en 1928 on y apercevait encore un entrepôt de fourrage et des « poules picorant »[51,56].

A la révolution industrielle, les cours intérieures des immeubles de l'impasse[43] ont été occupées par des ateliers de filature de coton[23], de serrurerie et de dorure[9], d’encadrement[10,52] et d’ébénisterie photographique[15]. Les plus célèbres ont été les ateliers de la maison de batteur d'or Dauvet[22], installés au numéro 3 de l'impasse Guéménée par Pierre Buisson en 1834, puis par son gendre Jules Dauvet en 1860, jusqu'à leur déménagement définitif en 1936.

A côté de l'ancienne Ecole Laïque de Jeunes Filles de l'impasse Guéménée[24,50] un immeuble récent a été construit en lieu et place du bâtiment de trois niveaux, connu pour avoir été un établissement de bains[13] et un lavoir[50] et utilisé ensuite comme imprimerie clandestine à la résistance[29], puis comme siège de la ligue d'extrême gauche Trotskyste en 1969[24,26].

A deux reprises il a été envisagé, sans succès, d'ouvrir un passage permettant de relier directement l'impasse Guéménée à la place des Vosges[11,20] et à la rue de Tournelles[6,23], au niveau d'une cour privée, actuellement cour Bérard[8], qui se retourne en équerre sur le prolongement de l'impasse[42,47,46]. Une modification de l'orthographe du nom Guéménée a été aussi proposée, mais sans jamais aboutir[21].

Plusieurs monuments historiques entourent l'Impasse Guéménée et la cour Bérard, notamment le Temple du Marais, l'Hôtel de Mayenne et la place des Vosges[42,46].

Depuis 1962 tous les immeubles de l'Impasse Guéménée[60,61,62] et de la cour Bérard[63,64] appartiennent au secteur sauvegardé du Marais. A ce titre, les programmes de rénovation et d'aménagement —aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur— sont encadrés par un plan de sauvegarde et de mise en valeur[44], qui a fait l'objet d'une révision récente[45].

Si, dans le cadre de ces dispositions de sauvegarde, le pavillon central de l'Hôtel de Mayenne[28] et les ateliers de l'impasse Guéménée et de la Cour Bérard ont tous disparu et les cours intérieures[43] ont été en grande partie récupérées (notamment au numéro 3 et 4), ceci n'a pas été le cas du parking sis 16, rue Saint-Antoine[17,25,54,55,65].

Edifié en 1913 sur les vestiges du cloître des Filles de la Croix[18,53] et d'un jardin parfaitement identifiable dans le plan Turgot[42], ce parking à quatre étages superposés, qui peut contenir aujourd'hui jusqu'à 350 places [site], possède aussi une sortie de sécurité au fond de la cour Bérard[46,64].

Depuis juin 2017, des travaux de rénovation et modification du parking sont en cours. Sous prétexte de « mise en sécurité incendie », ces travaux auraient pour objet l’ouverture permanente et l’exploitation commerciale de la sortie au fond de la cour Bérard, pour augmenter la rentabilité du parking, par le biais d’un système de barrières automatisées.

En modifiant radicalement le volume et le sens de circulation, ce projet se traduirait par une augmentation des risques d’accidents au niveau du virage et engendrerait une pollution sonore et atmosphérique supplémentaires, dans une voie de circulation très étroite, mal aérée, où le bruit est amplifié et où les particules restent plus longtemps en suspension que dans une rue plus large.

De toute évidence, l’ouverture à la circulation automobile de la voie desservant aujourd’hui les riverains se ferait au mépris des règles de sécurité, de l’urbanisme, de l’environnement et de l’esthétique. Ce projet constituerait un trouble anormal du voisinage et une forme d’enclavement pour les résidents, dont la qualité de vie serait dégradée.

Pour s'opposer à ce projet, une pétition a été lancée dans le site Change.org, qui a été suivie par un article dans Le Parisien[30]

 

Références

Bibliographie :

  1. 1724-Sauval
  2. 1745-Renou de Chevigné
  3. 1772-Renou de Chevigné
  4. 1791-(1905)-Aulard
  5. 1801-Delessert
  6. 1844-Lazare
  7. 1848-Hugo
  8. 1852-Bérard
  9. 1889-Ateliers
  10. 1896-Borrel
  11. 1904-pétition passage
  12. 1905-Tuetey
  13. 1905-bains
  14. 1907-Bouroule
  15. 1908-Wilz
  16. 1909-Tuetey
  17. 1910-garage
  18. 1913-garage
  19. 1914-Tuetey
  20. 1915-suite pétition passage
  21. 1928-orthographe
  22. 1936-Dauvet
  23. 1964-Hillairet
  24. 1994-1997-2004-Pouy
  25. 1994-Gady
  26. 2002-Charpier
  27. 2005-Chaydich
  28. 2009-Mayenne
  29. 2013-Wieviorka
  30. 2017-Le Parisien

Plans :

  1. 1550-Truchet
  2. 1604-1611-(1906)-Lucien Lambeau
  3. 1734-1739-Turgot
  4. 1810-1836-Vasserot
  5. 1962-1965-sauvegarde
  6. 2013-revision-sauvegarde
  7. 2017-vue aérienne
  8. 2017-cadastre

Photos anciennes
:
  1. 1910-lavoir et école
  2. 1910-entrepôt fourrage
  3. 1910-encadreur
  4. 1913-Filles de la Croix
  5. 1913-garage vu depuis Bastille
  6. 1913-garage vu depuis Rivoli
  7. 1928-poules

Photos récéntes
:
  1. 2017-impasse Guéménée-1
  2. 2017-impasse Guéménée-2
  3. 2017-impasse Guéménée-3
  4. 2017-cour Bérard-1
  5. 2017-cour Bérard-2 (sortie de secours)
  6. 2017-garage Saint-Antoine